Introduction: être libre est-ce faire n'importe quoi?
L'expression «n’importe quoi» souligne l'incohérence d’un acte ou d'une pensée: l’irrationnel. Mais comment être libre en étant soumis à l’irrationnel? Cela nous renvoie à tout ce que l'on peut faire de bien ou de mal, c’est-à-dire faire ce que l’on veut, sans aucune contrainte. En suivant ce raisonnement, on pourrait définir la liberté comme l'absence de contraintes, c’est-à-dire une définition négative de la liberté. Peut-on réellement la définir comme cela? Car si faire n'importe quoi renvoie à faire ce que l'on veut, il peut s’agir aussi de ce que l’on ne maîtrise pas comme les pulsions inconscientes (la respiration, les battements du cœur) ou les désirs dangereux pour soi ou pour les autres. Donc, comment un «être doué de raison», comme Aristote définissait l'homme, pourrait-il faire n’importe quoi? Comment la liberté pourrait être faire ce que l'on veut, quand on veut?
Quand nous faisons quelque chose, nous agissons sur quelque chose, comme un objet, une personne... Donc, faire ne revient-il pas à agir? Et lorsque que nous agissons sur quelque chose, des contraintes s'opposent à nous: comme lorsque nous soulevons une pierre et que l'attraction de la terre s'oppose au mouvement de cette même pierre. Alors, oublier et nier ces contraintes fondamentales ne serai-il pas absurde? Être libre serait donc de ne pas nier les contraintes mais, au contraire, de les accepter en s’efforçant de les surmonter en se servant de sa capacité à raisonner. Cependant, lorsque nous agissons, c’est en fonction d’un but que nous sommes fixé et que nous avons posé le plus librement possible. Mais pour y parvenir, ne faut-il pas se plier à des passages obligés, comme prendre la pierre et la soulever, c’est-à-dire des contraintes qui s’opposent à nous?
Alors, si la liberté ne signifie pas faire n'importe quoi, quand l'on veut, où l'on veut, mais signifie plutôt agir en connaissance de cause, comme la loi,