ionesco
[Lecture et annonce des axes] Dans ce monologue à cheval entre tradition et modernité théâtrales, Ionesco met en scène la lutte tragique de l’individu contre le groupe et l’absurde de la condition humaine, et révèle sa vision de l’homme et du monde.
I. Un monologue théâtral entre tradition et modernité
1. La reprise de la tradition du monologue délibératif
Ionesco reprend la tradition théâtrale du monologue, forme d’expression de la solitude, qui illustre une situation tragique traditionnelle : celle d’un personnage confronté à une crise d’identité (« c’est moi, c’est moi ») et à une décision vitale. Bérenger s’exprime comme un héros tragique traditionnel : nombreuses phrases exclamatives, interjections tragiques (« hélas ! »), rythme heurté et répétitions, et même quelques alexandrins (« les hurlements ne sont pas des barrissements », avec rimes intérieures ; « Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? » ; « J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc et poilu ! ») avec un jeu sur les sonorités (comme dans la tragédie classique : « Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain »).
2. Mais le refus de la tradition théâtrale
Mais Ionesco modernise la situation : le tragique et le destin prennent la forme métaphorique du rhinocéros, qui donne lieu à une irruption du fantastique à travers l’évocation des transformations en rhinocéros (« corne » qui «