Jp sartre les mots
Durant son enfance, Sartre entretient des rapports étroits avec son grand-père, il éprouve pour lui une grande admiration.Le jeune Sartre remarque vite que cet homme qui incarne pour lui un modèle, porte un amour inconditioné à la littérature: "dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout".
D'autant plus qu'il était formellement défendu de leur ôter leur poussière sans son consentement. Sartre assiste quotidiennement à une scène qu'il nomme "cérémonie" puisqu'elle comporte une signification mystérieuse à ses yeux: un grand-père habituellement maladroit qui manie avec dextérité et fermeté ses livres. C'est ainsi qu' il prend un de ces "objets culturels" "sans hésiter" et qu'il l'ouvre "d'un coup sec "à la bonne page""
Il ne s'agit pas du contenu des livres, il s'agit de leur apparence, de la façon qu'a son grand-père de les manier, les toucher. C'est un homme qui change de caractère face aux livres, il n'est plus le personnage peu habile à qui l'on boutonne "ses gants", il devient celui qu'il est réellement. Ainsi, Sartre comprend tôt que son grand-père vit à travers la lecture, c'est pourquoi les livres prennent une dimension sacrée dans son esprit, ils sont ceux à qui le grand-père porte le plus d'admiration. L'enfant est donc evidemment attiré par ces oeuvres qu'il tentera de lire dès que possible.
Cependant à cette époque, Sartre ne s'intéresse qu'à l'aspect de ces livres. Ce sont alors le visuel et le toucher qui prennent une importance dans ce rapport de l'enfant à la littérature. Sartre regarde, au début, les livres sans oser les toucher, et peu à peu, nous voyons son attittude évoluer. Si en premier lieu il s'ébat devant les livres, ensuite, il "les touch[e] en cachette", puis s'en approche pourdécouvrir "la nudité de leurs organes intérieurs".
Le plus important est que l'enfant construit une réelle symbolique autour des livres. En effet, ils sont pour lui à la fois des choses anciennes qui sont là depuis bien plus