Jules laforgue
|(1) Brûle-parfum |Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes. |
| |Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort, |
| |Et pour tuer le temps, en attendant la mort, |
| |Je fume au nez des dieux de fines cigarettes. |
| |Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes, |
| |Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord, |
| |Me plonge en une extase infinie et m'endort |
| |Comme aux parfums mourants de mille cassolettes(1). |
| |Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs |
| |Où l'on voit se mêler en valses fantastiques |
| |Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques. |
| |Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers, |
| |Je contemple, le cœur plein d'une douce joie, |
| |Mon cher pouce rôti comme une cuisse d'oie. |
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