La chine
Si l'on veut étudier les relations entre l'économie et l'espace chinois, il ne faut pas lui appliquer un certain nombre de représentations occidentales. L'idée d'ouverture est bien un concept européen voire américain, qui n'a pas de sens en soi dans l'histoire ou dans l'espace chinois.
Se percevant comme un centre, la Chine n'a pas besoin de s'ouvrir ou de se fermer, dans la mesure où ce centre correspond à un modèle unique. Percevoir le monde comme multipolaire suppose qu'on considère qu'il existe un monde en dehors de soi à copier (modèle japonais) ou à conquérir (modèle européen). Rien de cela n'a de sens dans l'histoire de ce pays qui est peut-être le plus vieux du monde.
Dès lors l'ouverture n'est qu'une forme particulière de centralisation ou plutôt un moyen de redonner du sens au centre, l'ouverture est un recentrage vers les vil-les, qui peut apparaître à nos yeux comme un déséquilibre mais qui pourrait autant s'interpréter comme une volonté de replacer la Chine comme un nouveau centre, avec ces nouveaux centres à l'échelle régionale ou locale.
Cela apparaît autant comme une ligne de force de l'histoire du pays que comme une logique géographique allant de soi. Le pays- continent ne peut se gérer qu'à partir d'un centre. Sa problématique reste toujours le contrôle des marges et l'unité, alors même que la Chine est avant tout une mosaïque de pays. Il faut comprendre la force de cette idée de centre, qui ne correspond pas nécessairement à un centre géométrique (quoiqu'on verra au fur et à mesure de cet exposé les atouts de la Chine de l'Intérieur), mais qui est le seul moyen de donner de la cohésion à un ensemble de 1,3 milliard d'individus et de 9 millions de km2. La Chine n'est donc pas un pays fermé mais bien autocentré.
Dans ce monde autocentré l'individu n'a pas l'initiative de l'occupation de l'espace. S'il appartient au groupe dominant, les « Hans », il est considéré comme étant au centre de la