La conscience de soi peut-elle devenir un obstacle pour l'action?
Il est vrai que l’action exige que le sujet ne tergiverse pas éternellement. Dès lors, l’homme d’action semble bien différent de l’homme de cabinet, perdu dans ses pensées et qui ne met jamais la main à la pâte.Pourtant, une action inconsciente n’en est pas une : elle est bien plutôt une simple réaction digne tout au plus d’une bactérie ou d’un insecte.Dès lors, on peut se demander si la conscience peut être un obstacle pour l’action.La conscience apparaît en nous cette capacité à nous rendre compte de ce que nous faisons. Elle est une composante de l’action. Car un être inconscient n’est pas dit agir. Le vivant sans conscience comme l’huître ou la bactérie est déterminé à faire ce qu’il fait. Il réagit automatiquement. La conscience est donc une composante nécessaire de l’action.Or, celle-ci exige à la fois précision et surtout opportunité. Le chirurgien qui opère ne peut attendre d’avoir résolu tous les problèmes. Le marin doit tourner la voile au moment opportun – ce que les Grecs nommaient Kaïros. C’est pourquoi la conscience peut être un obstacle à l’action lorsqu’elle la fait différer. Elle en est alors paradoxalement la source et l’obstacle, soit ce qui empêche d’atteindre un but donné.Il en va de même lorsqu’on doute. En effet, cet état de conscience en ce qui concerne l’action se caractérise par l’hésitation quant à une décision. Est-elle bonne ou mauvaise ? On comprend ainsi que Hamlet dise que la conscience rend lâche dans son monologue de la scène I de l’acte III de la pièce éponyme de Shakespeare où il dit que « la conscience fait de nous autant de lâches » (traduction Guizot « Thus conscience does make cowards of us all ».On peut appliquer notre analyse à la question de l’utilité ou de l’efficacité. Si je doute des conséquences de ce que je vais faire, comment ne serais-je pas paralysé pour agir ou ne