la delinquance
Pour Alain Bauer, criminologue, président de l'Observatoire national de la délinquance, la question des personnes issues de l'immigration peut être abordée. A certaines conditions
L'Observatoire national de la délinquance envisage-t-il d'étudier la part prise par les personnes issues de l'immigration?
Avez-vous abordé cet aspect dans vos travaux? Nous en avons discuté de manière informelle au tout début de nos travaux. L'objectif de l'Observatoire est de publier des informations précises à partir de protocoles scientifiques clairs. En la matière, on peut identifier les Français et les étrangers, les majeurs et les mineurs, les hommes et les femmes. D'autres tentatives fondées sur les noms patronymiques, ou les prénoms pour les mineurs, ont amené à présupposer des surreprésentations de certaines populations.
Peut-on sereinement évoquer la question? Cela relève-t-il d'un tabou, selon vous?
On peut parfaitement aborder la question. Ne pas le faire laisse la porte ouverte à tous les fantasmes extrémistes et racistes. Et interdit d'aborder à la fois le diagnostic et les éléments de thérapeutique. Mais ouvrir sans précautions le débat sur les modalités pratiques est susceptible de modifier profondément la nature même de notre manière de vivre, ou d'essayer de vivre, ensemble. De plus, cela pourrait faire oublier que derrière les mis en cause il existe des victimes, habitant les mêmes espaces, originaires de mêmes pays, et souvent de situation sociale comparable.
Un outil statistique permettant d'évaluer ce phénomène existe aux Etats-Unis. Est-ce souhaitable en France?
L'outil statistique américain est celui du recensement. Il fixe non seulement des origines, mais des "couleurs". Il n'a rien démontré de particulier, car un élément de perturbation statistique existe: la plus grande propension des services de police à s'occuper de la criminalité des migrants, suivant une dérive culturelle qui influe y compris sur les policiers