La fable
Pour Phèdre, le grand fabuliste latin, « Le mérite de la fable est double: elle suscite le rire et donne une leçon de prudence1. » Cette portée didactique des fables explique la facilité avec laquelle elles ont circulé et ont été reprises d'une culture et d'une société à une autre. Comme l'a bien vu G. K. Chesterton, « la fable est une sorte d'alphabet de l'humanité au moyen duquel on a pu écrire les premières certitudes philosophiques; et pour cette raison les figures devaient fonctionner comme des abstractions algébriques ou des pièces d'un jeu d'échecs2.»
Au sens premier, le mot « fable » désigne l'histoire ou enchaînement d'actions qui est à la base d'un récit imaginaire, quel qu'il soit. C'est en ce sens qu'Aristote parle de la fable comme un des six éléments qui constituent une tragédie, conjointement avec « les mœurs, le langage, la pensée, l'appareil scénique et la mélopée3. »
Étymologie. Le mot fable vient du latin fabula (« propos, parole »), qui désigne le fait de parler en inventant (d'où dérive aussi le terme « fabuler »). En grec, il n'y avait pas non plus de mot spécial pour nommer le genre de la fable, qui était désignée par le mot signifiant récit: μύθος (qui a donné le mot « mythe »). Pour référer au genre, l'usage se répand très tôt de désigner les fables comme des aesopica (litt.: « propos d'Ésope »), ce qui se traduira au Moyen Âge par ysopets ou isopets.
Genre littéraire. La fable est une forme particulière d’apologue, qui désigne tout récit à portée moraliste. Elle se distingue de la parabole, qui met en scène des êtres humains et laisse le