La guerre froide
La guerre froide.
I-Les origines de la guerre froide (1945-1948).
A) Le monde bipolaire.
La seconde guerre mondiale a débouché sur la réorganisation de l'ordre international selon des logiques en partie perceptibles depuis le début du XXe siècle (la montée de la puissance américaine, masquée dans l'entre-deux-guerres par le refus des États-Unis de s'engager sur la scène internationale), en partie inédites (la Russie tsariste était certes la cinquième puissance économique mondiale en 1914, mais à cette date rien ne permettait d'anticiper la prodigieuse expansion de sa puissance militaire, et que ses troupes, trente ans après, occuperaient la moitié de l'Europe). Le monde bipolaire, souvent prophétisé au XIXe (entre autres par deux Français, Tocqueville et Custine) et au début du XXe siècle, se concrétisa finalement sur les ruines de l'Europe ravagée par ses folies[1], mais avec deux nuances. D'une part l'un des deux pôles, l'américain, bénéficiait sur l'autre d'une nette supériorité structurelle, qui cependant ne fut pas toujours évidente aux opinions ni aux classes politiques : avance technologique, système politique plus efficace, avantages d’une thaloassocratie sur un Empire continental (pour les résumer en une phrase : ça coûte moins cher de se déplacer sur mer que sur terre !). D'autre part et surtout, alors qu'en 1945 nombreux étaient ceux qui craignaient que le processus de concentration de la puissance ne fût cumulatif, en réalité les deux adversaires principaux, dont la puissance en 1945 était artificiellement élevée (par les effets de la mobilisation de toutes les ressources en vue de la guerre ; par l'abaissement de l'Europe, de la Chine et du Japon), ne parvinrent jamais à contrôler totalement leurs camps respectifs, à réduire tous leurs alliés à l'état de vassaux, à les absorber[2]. Bien au contraire leur compétition, avec leurs difficultés à contrôler des Empires vastes et divers[3], les affaiblit plus vite que