La recherche des causes de la guerre, telle qu’elle est apparue déjà dans les efforts pour assurer la paix, conduit à en déceler les fondements dans plusieurs domaines. Il faut d'abord envisager la dimension sociale propre à ce phénomène essentiellement collectif. De ce point de vue, on peut étudier les sources et les conséquences du militarisme. Herbert Spencer et Auguste Comte croyaient à une évolution faisant succéder les sociétés industrielles aux sociétés militaires, celles-ci étant caractérisées par des institutions qui subordonnent étroitement l’individu à la société et tendent à la tyrannie politique en même temps qu’à l’autarcie économique. De nombreux polémologues placent aussi leur analyse sur l’aspect économique des guerres. Ils citent de grandes crises économiques et sociales qui n’ont entraîné aucune guerre, mais ils notent que les conflits armés, depuis la disparition de la guerre aristocratique, provoquent une transformation de la vie économique dans les pays belligérants, de sorte que certaines difficultés peuvent être provisoirement résolues par le rythme accéléré de la consommation en matériel qu’impose l’état de belligérance. La guerre n’est d'ailleurs pas possible sans une certaine accumulation de puissance économique, et la lassitude qui met fin à certains conflits peut parfois être attribuée à l’appauvrissement que finissent par produire les hostilités. On peut faire une analyse du même genre à propos des aspects démographiques de la guerre, à laquelle les phénomènes de surpopulation ne sont pas toujours étrangers. C’est pourquoi, selon Gaston Bouthoul, la principale fonction sociologique de la guerre serait d’être, en même temps qu’un exutoire aux impulsions collectives, un processus de « rééquilibration démo-économique ». Quant à l’aspect technique, dont on a vu l’importance dans l’évolution historique des guerres, il est remarquable aussi dans ses « retombées ». Les guerres, surtout dans la période la plus récente, ont probablement hâté