La liberté d'autrui
L'autre est nécessaire à la construction et à la vie du "moi". Hors de la société, l'homme se déshumanise, perd son moi, comme le décrit Michel Tournier dans Robinson ou les Limbes du Pacifique. Grandir sans les autres est ne jamais l’acquérir, prenons l'exemple des enfants sauvages, décris par Lucien Malson dans Les enfants sauvages, qui grandissent hors de la société humaine et ne sont ni des hommes, ni des animaux, car ils ne possèdent ni la pensée, ni l'instinct de l'animal qui a été élevé' par sa horde. Les autres apprennent donc à l'Homme à penser, et lui apprennent a% créer son moi, l'entretiennent, car c'est la relation avec les autres qui permet de penser. Selon Platon, le dialogue permet de se connaître soi même. Sartre le confirme en affirmant: "Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre". Enfin, lorsque Sartre affirme "l'enfer c'est les autres", dans Huis Clos, c'est bien dans le sens où il est mon miroir et m'oblige à me voir tel que je suis.
Ensuite, le moi ne peut s'affirmer qu'en affirmant sa différence aux autres. "Ce qui importe, ce n'est pas de savoir à qui et à quoi ressemble quelqu'un, c'est de découvrir en quoi il ne ressemble en aucun autre" disait Raymond Carpentier dans La Connaissance d'autrui. En effet, s'il n'a pas de conscience propre, le moi n'est que le "on" de Heidegger. Il ne fait que se conformer aux idées de l'opinion publique. Il a besoin de se confronter aux autres pour exister. "Personne, il est vrai, ne s'est jamais érigé en juge absolu de soi. Pour chacun, le jugement d'autrui importe essentiellement", affirmait Karl