La litterature
Depuis 2010, une nouvelle édition des Situations est entreprise par Arlette Elkaim-Sartre afin de publier dans l'ordre chronologique les textes de Sartre dont certains ne figuraient pas dans les Situations. Qu'est-ce que la littérature ? ne figure plus dans l'édition de 2012 qui a pour sous-titre septembre 1944 - décembre 1946. Qu'est-ce que la littérature ? devrait donc être publié dans Situations III.
L'essai est un manifeste de la sartrienne conception de la littérature engagée, conception qu'il défend contre ses critiques. Sartre y répond aux trois questions suivantes : Qu'est-ce qu'écrire ?, Pourquoi écrire ?, Pour qui écrit-on ?
La première question posée par Sartre concerne la définition de l’acte d’écrire et est formulée de la manière suivante : « Qu'est-ce qu'écrire ? ». L’auteur va tout d’abord esquisser une réponse en considérant ce qu’écrire n’est pas : écrire n’est pas peindre, écrire n’est pas composer de la musique. En effet, contrairement au peintre ou au musicien qui se contentent de présenter les choses et de laisser le spectateur y voir ce qu’il veut, l’écrivain, lui, peut guider son lecteur. La chose présentée n’est plus alors seulement chose, mais elle devient alors signe.
Une fois que l’écriture a été distinguée des autres formes d’art, Sartre peut passer à l’étape suivante, c’est-à-dire à la distinction, au sein même de l’écriture, de la prose et de la poésie, un point capital dans sa réflexion. On peut résumer la distinction par la formule suivante bien connue : « La prose se sert des mots, la poésie sert les mots » . La poésie considère le mot comme un matériau, tout comme le peintre sa couleur et le musicien les sons. La démarche du prosateur est complètement différente. Pour lui, les mots ne sont pas des