La marche de l'apprenti
Il n’est pas question ici d’une longue marche mais de trois pas seulement. Trois pas bien réglés, comme une exercice de style. Trois pas codifiés qui sacralisent en quelques sorte le passage du profane au sacré, du parvis au pavé mosaïque, de l’Occident vers l’Orient, de l’Obscurité vers la Lumière.
Ab initio, le pied gauche s’avançant (le pied du coeur), le corps se trouve en déséquilibre mais, aussitôt, le pied droit (droite=raison) le rejoint pour redonner à l’initié une assise stable. Ainsi, ce pas me rappelle-t-il que, bien que souvent initiés par les élans et les passions du coeur, chacun de mes gestes et de mes pensées se doivent d’être appuyés sur la raison pour trouver l’équilibre, cet équilibre si fragile entre le noir et le blanc du pavé mosaïque, cet équilibre si nécessaire à la paix du coeur et de l’âme.
Pourquoi trois pas? Peut-être pour me rappeler que je n’ai que trois ans mais aussi, peut-être, pour qu’il y ait possibilité de rectification en permettant l’erreur. Ici, je m’explique: toute expérience est faite de décisions mais aussi, d’essais et d’erreurs. Si deux seulement étaient possibles, alors, il n’y aurait pas de place pour trouver l’équilibre entre le trop et le trop peu. Aussi, ces trois pas nous sont-ils bénéfiques en ce qu’ils permettent à l’initié de tenter, de comparer et d’ajuster sa marche.
Le terme même de marche implique un mouvement , une volonté d’initier le changement. Aussi, est-il bon de se rappeler que sans tentative, il n’est pas d’avancement. Il ne faut pas craindre l’erreur au risque de ne jamais rien accomplir. C’est dans son engagement à changer les choses que le maçon se distingue du profane, dans la rectitude du chemin qu’il emprunte pour y arriver mais surtout dans le courage qui lui permet de continuer en rectifiant , un pas à la fois, la marche qu’il a entreprise. Certes, je me dois de mesurer mes pas mais il y aura toujours un deuxième et un troisième possible après le