La mauritanie, du « nomad's land » à la mondialisation.
Document 1 :
1960 : un État, une nation, une capitale. La Mauritanie naît et avec elle surgit du sable Nouakchott. Personne ne s’attendait à voir apparaître si rapidement et en pareil lieu une agglomération de cette taille. Avec ses 800 000 habitants (soit un Mauritanien sur quatre), la capitale mauritanienne s’impose désormais comme la plus grande ville du Sahara. Récemment encore, la Mauritanie n’était évoquée que pour ses hommes bleus, son système tribal, ses dunes et ses chameaux. Dans cette représentation perçue comme immuable, Nouakchott apparaissait comme une capitale politique créée ex-nihilo, habitée par des nomades victimes de sécheresses et sédentarisés sous la contrainte. Pareilles visions traditionnelles de la Mauritanie et de sa capitale sont aujourd’hui tout bonnement dépassées.
Ces dernières années, la Mauritanie semble être provisoirement entrée dans une phase particulière, proche de l’état de « transe » qui mêle exaltations fébriles et vives inquiétudes. Transition démocratique avortée, transactions financières liées aux investissements pétroliers, transit de migrants qui tentent l’aventure vers l’Europe, transformations des paysages urbains avec la croissance économique, transferts d’argent de la diaspora mauritanienne, transit encore de stupéfiants et de marchandises illégales. Le préfixe « trans » rend ici compte, dans sa dimension spatiale, des diverses circulations de personnes, de biens et d’idées qui traversent le pays et, dans sa dimension temporelle, de transformations sociales et politiques. A l’évidence, ces nombreux changements se conjuguent, se condensent et s’expriment à Nouakchott, qui donne à voir cette phase liminaire de « transe ». Une certaine forme d’effervescence s’observe dans ses rues et les comportements de ses citadins. Effervescence mais également anxiété car si un seuil s’apprête à être franchi, nul ne connaît pour l’instant la direction à prendre, pas plus