La metaphore
Le problème que nous allons traiter dans ce mémoire est celui de l’interprétation de certaines métaphores qui consistent dans la combinaison d’un terme propre et d’un terme métaphorique par la préposition de: les racines du coeur ( M. Béalu), des gourmettes de courtoisie ( Eluard)…
Mais pour mieux comprendre et expliquer ce type de métaphores, il faut tout d’abord savoir ce que c’est qu’une métaphore en générale. La métaphore est un trope qui joue un grand rôle dans la création lexicale. Elle dénomme le résultat de la substitution d’un lexème par un autre, basée sur une association de ressemblance, de similitude, c’est-à-dire, c’est une substitution par analogie. Dans le cas des métaphores il y a une extension de sens et le plus souvent cette extension est du concret vers l’abstrait, par exemple une source d’eau – une source de malheur. On oppose souvent les métaphores par simple substitution à celles où le contexte unit terme propre et terme métaphorique; par exemple: tes baisers parfumés tremblent et l’homme est un roseau pensant, ou bergère, ô tour Eiffel.
La formation de ces dernières repose, dans la plupart des cas, sur la copule ou sur l’apposition, c’est-à-dire sur un outil syntaxique dont le sémantisme est relativement clair. Au contraire, pour les métaphores qui font apparaître la préposition de, le lien sémantique n’est pas facilement interprétable, car les sens de la préposition sont multiples. Elle peut introduire un complément de matière ou un complément d’appartenance, de qualité ou de quantité, etc. Ces emplois se révèlent grâce au lexique dans toutes les interprétations non métaphoriques, mais il n’en est pas de même pour les métaphores, surtout en poésie :
Les étés de tes formes fragiles ( Eluard)
Le joyau de l’oeil véridique ( Mallarmé)
Des lacs de nudité ( Eluard)
Le treillis recourbé de tes côtes ( Baudelaire).
Selon Joëlle Tamine, aucune analyse des métaphores ne permet pas de savoir s’il existe des indices syntaxiques ou