La mondialisation ou l'occidentalisation du monde?
Intro :
Dans son essai publié en 1989, l’économiste français Serge Latouche offrait par le titre même de son ouvrage, L’Occidentalisation du monde, une réflexion sur la mondialisation de l’époque, à savoir l’idée en pleine expansion d’une réflexion sur cette globalisation fondée sur une américanisation du monde et surtout une certaine « uniformisation planétaire », laquelle faisait pratiquement l’unanimité chez nombre de spécialistes même lorsque ces derniers la critiquaient. Cet essai écrit à la fin des années 80, soit avant la chute inattendue du Mur de Berlin et surtout l’implosion de l’empire soviétique, définissait la mondialisation comme le nouveau nom de l’hégémonie américaine et par extension, de l’ensemble des pays occidentaux. M. Latouche définit cette occidentalisation comme une notion plus idéologique que géographique qui correspondrait en réalité à l’idée d’une certaine entité culturelle autant convoitée que contagieuse. C’est à partir de cette définition que l’hypothèse d’une synonymie entre mondialisation et occidentalisation devient sujette à débat. En effet, si mondialisation rime avec occidentalisation, cela pose la question de la fin d’une diversité culturelle victime de cette uniformisation, laquelle serait dès lors coupable de la montée des nationalismes et des fondamentalismes exacerbées, des courants altermondialistes radicaux comme contrepoids possibles à cette occidentalisation décriée. Cet « ethnocentrisme » pousse par ailleurs certains penseurs à lutter contre une occidentalisation du monde. C’est le cas du théologien indo-catalan Raimon Panikkar qui souhaite ce qu’il nomme une « désoccidentalisation du monde ».
Seulement, il convient d’interroger ce présupposé pour comprendre si réellement, la mondialisation peut se réduire à cette uniformisation culturelle mais aussi politique et économique. Pour cela, il nous incombera tout d’abord de voir en quoi la mondialisation s’est