L'anoblissement donnait au roi une autre clef: attirer les plus fiables, les plus instruits, les plus compétents des roturiers et leur offrir la possibilité de changer leur condition en le servant. Cette idée trouva un début d'application dans le seconde moitié du XVe siècle, à l'époque où le développement de l'Etat post-médiéval nécessitait de plus de plus d'individus capables et énergiques. Des lettres patentes promulguées en février 1485 par Charles VIII anoblirent les "notaires et secrétaires du roi, maison et couronne de France", eux et leur postérité, comme si leur noblesse était ancienne. Ces officiers, qui travaillaient pour le chancelier, avaient pour tache principale de mettre en forme les décisions prises en Conseil, ce qui nécessitait notamment un solide bagage juridique. Ce geste tendait bien sur à montrer que le service du souverain en lui-même était noble; il cherchait à donner aux officiers de la chancellerie ce charisme très particulier qui appartenait aux seuls gentilshommes, en signifiant que rien n'était plus digne que de servir le roi. La portée de cette décision était d'abord symbolique, car elle permettait au monarque de conférer la mystique nobiliaire à quelques-uns de ses plus proches collaborateurs. Mais décider de cet annoblissement signifiait aussi que le souverain entendait choyer ses principaux officiers: on pouvait attendre davantage de candidats, attirés par des promesses d'ascension rapide. Il leur suffisait de conserver leur charge au moins vingt ans et de la transmettre à leur fils ou à leur