La peinture est-elle faite pour les morts dans tous les matins du monde
647 mots
3 pages
1. L’été viendra pourtant, mais il ne vient que pour ceux qui sont patients, qui vivent comme s’ils avaient l’éternité devant eux, si sereinement, tranquille et vaste. C’est ce que j’apprends tous les jours, je l’apprends à travers des souffrances auxquelles je suis reconnaissante : tout est en l’occurrence affaire de patience. 2. Demandez-vous si des choses en vous ne se sont pas transformées, si vous-même, en quelque endroit de votre être, vous n’avez pas changé tandis que vous étiez triste. La tristesse est passagère : ce qui est nouveau en nous, l’adjuvant de ce que nous étions, est allé jusqu’à notre cœur, a pénétré le lieu le plus intime, mais n’y est pas non plus resté : il a déjà passé dans le sang. Et nous ne savons pas ce que c’était. 3. Pourquoi voudriez-vous exclure de votre vie, une quelconque inquiétude, une quelconque souffrance, une quelconque mélancolie alors que vous ignorez pourtant ce que produisent en vous ces états ? Pourquoi vouloir vous persécuter avec la question de savoir d’où provient tout cela, où tout cela vous mène-t-il ? Puisque vous savez que vous êtes en pleine transition, et que vous ne désirez rien tant que vous transformer. 4. Nos tristesses ces instants où quelque chose de nouveau a pénétré en nous, quelque chose d’inconnu ; nos sentiments font silence alors, obéissant à une gêne effarouchée, tout en nous se rétracte, le silence se fait, et ce qui est nouveau, que personne ne connaît, se tient là, au centre, et se tait. 5. IL serait facile de nous persuader qu’il ne s’est rien passé ; mais nous avons pourtant bien changé, comme change une maison où un hôte est entré. 6. Votre doute peut devenir une qualité profitable si vous l’éduquez. Il faut qu’il devienne savant, qu’il se mue en critique. Exigez de lui des preuves, soumettez-le à examen, et vous le trouverez sans doute perplexe et embarrassé, peut-être s’insurgera-t-il aussi. Mais ne cédez pas, exigez qu’il fournisse ses raisons, et ne manquez pas d’agir