Au travers de La Peste, Camus veut remettre en cause la place du héros dans le roman, ou plutôt, sa nécessité. Nous ne pouvons pas avoir une réponse « fixe » sur le fait qu'il serait possible de se passer du héros dans la Peste. D'une part, il ne serait pas possible de se passer d'un héros pour le lecteur. C'est l'attente du lecteur d'avoir un héros, un personnage ayant accompli des choses extraordinaires et exemplaires, dignes d'être acclamées. Cependant, le héros peut être un personnage auquel le lecteur n'a pas envie de s'identifier ou un personnage auquel il s'identifie difficilement. Il est vrai que Grand n'est pas le héros auquel on s'attend le plus ou auquel on aurait tendance à s'identifier dans La Peste. Mais il est un des seuls personnages à communiquer sa bonne volonté et … D'autre part, le narrateur met en cause existence héros parce que héros n'est pas quelqu'un de rare et cela mérite pas d'être mis en valeur et revient à démontrer que mal est puissant et supérieur à l'Homme qui y céderait facilement. Cependant au Xxème siècle on assiste à la mort du héros : il y un doute sur la capacité de l'Homme à maîtriser le monde. Loin d'être un surhomme ou homme ordinaire les héros du Xxème siècle se décomposent.
Même si nous avons un héros, la lutte contre la peste ne génère pas nécessairement un comportement héroïque. En effet, l'Homme est capable de grandes capacités sans pour autant qu'on fasse de lui un héros. Par exemple, les Oranais qui participaient aux formations sanitaires n'étaient pas des héros parce qu'ils participaient à cela. Quoiqu'ils aient pu risquer leur vie pour le faire, nous savons qu'ils ont obéi à une évidence et à leur nature humaine. Mais Grand lui, fait la différence dans les motifs de son engagement. Grand fait preuve de bonté et de courage, de « consécration » à son travail dans ses formations. Et c'est ce qui permet au narrateur de traduire en cela un comportement héroïque.