La prison
Longuenesse (Pas-de-Calais), envoyée spéciale - Le jour pointe à la maison d'arrêt de Longuenesse (Pas-de-Calais). Un stagiaire de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (ENAP), chargé du réveil, contrôle avec un brin d'anxiété qu'il a bien tout son monde. L'homme "en bleu" toque rituellement trois fois sur chacune des portes de la vingtaine de cellules dont il a la charge, puis fourre la clef dans la serrure, qui claque bruyamment. "Bonjour, tout va bien ?"
Des grognements lui répondent, parfois des insultes, et c'est bon signe. "Le matin, on doit s'assurer qu'ils sont tous vivants", chuchote-t-il. Au passage, il collecte l'abondant "courrier départ" entassé dans des boîtes à sucre en poudre vides, fixées à l'intérieur des portes blindées avec du dentifrice. Le compte est bon, comme il devra l'être aux heures de repas.
Les "mouvements" peuvent commencer. Direction les ateliers, les activités sportives ou culturelles, l'école… Le meilleur moyen de gérer une surpopulation carcérale galopante – souvent proche de 200 % de taux d'occupation à Longuenesse, d'une capacité d'accueil de 178 places – c'est encore… d'occuper les occupants : des prévenus en attente de jugement ou des condamnés au reliquat de peine n'excédant pas un an.
Comme dans la centaine d'établissements de même fonction disséminés sur le territoire français, les détenus de Longuenesse additionnent et soustraient les jours déjà passés, ceux qui restent. Ils envisagent les remises de peine possibles grâce à une volonté affichée de suivre des soins psychologiques ou de participer à la vie de la prison. Ils évaluent les sous à gagner en travaillant ou à la faveur de trafics internes divers et illicites, et qui leur permettent de "cantiner" – acheter au magasin de la prison des produits ou vêtements venant de l'extérieur.
"30 À 40 NATIONALITÉS"
Dylan, tout juste 19 ans, aimerait travailler, mais il n'a "pas le niveau scolaire". "C'est un peu comme dehors,