La recherche de vérité n'a-t-elle de sens que dans le domaine de la connaissance théorique ?
Vérité et connaissance paraissent indéniablement liées, et la recherche de vérité semble être la constante que tout homme tend à assouvir. La connaissance théorique, produit d’une activité de l’esprit abstrait et sans aucun autre but qu’elle-même (la science se suffit à elle-même, comme disait Spinoza), comme la mathématique, est au premier bord la seule voie permettant d’atteindre la vérité, car pur produit de la raison qu’affuble la plupart des philosophes à l’ensemble de l’humanité. Néanmoins, si l’on définit la vérité comme adéquation entre un discours et le réel, un paradoxe se dégage de sa relation avec la connaissance théorique, étant donné que cette dernière est justement déconnectée du réel. Bien que la connaissance théorique soit par définition rationnelle et évacue subséquemment illusion de sens et précipitation des opinions, elle ne semble guère constituer l’unique domaine dans lequel la recherche de vérité aurait un sens. Ainsi, la vérité ne peut-elle être atteinte que par la théorie ? La vérité n’a-t-elle pas de relation avec le réel, ou le sujet ?
Alors qu’une première partie montrera qu’au premier abord, la connaissance théorique semble être le seul moyen d’atteindre la vérité par la raison en dépassant les mondes du sensible et de l’opinion, une deuxième partie se questionnera quant à d’autres conceptions de la vérité. Enfin, une dernière partie dépassera la problématique initiale en se demandant si la recherche de vérité a un sens.
La recherche théorique semble être synonyme de recherche de vérité, et cela notamment parce qu’elle occulte les frontières du sensible et de l’opinion, permettant d’atteindre la vérité par l’unique exercice de la raison, c’est-à-dire par la faculté de l’Homme de connaître, de juger. La connaissance théorique ne semble-t-elle pas être le chemin le plus adéquat à une vérité rationnelle ? L’opinion, que l’on peut