La Russie et l'ONU
DOCUMENT 1 : « La sécurité collective, un rêve contrarié », O. Corten, professeur de droit international (Université libre de Bruxelles), Le monde diplomatique, septembre 2005, p 17
(…) Malgré leur rigueur, les règles introduites par la Charte n’ont pas empêché le déclenchement de nombreuses guerres en dehors des mécanismes prévus. Au nom de « justes causes », l’Union soviétique et les Etats-Unis ont entrepris des actions militaires unilatérales en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) ou en Afghanistan (1979) pour la première, à
Cuba (1961), au Nicaragua (années 1980), à la Grenade (1983) ou au Panamá (1989) pour les seconds. ( …)
La fin du conflit Est-Ouest n’a régénéré ni le droit international ni l’ONU. (…). Les hostilités déclenchées par les Etats de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) contre la
Yougoslavie, en 1999, ont montré que les grandes puissances pouvaient contourner le Conseil de sécurité (…). Cette dérive s’est renforcée après les attentats du 11 septembre 2001, la
« guerre contre le terrorisme » lancée par les Etats-Unis (…). Du renversement des talibans, en l’absence d’une agression armée préalable juridiquement imputable à l’Etat afghan, à l’intervention en Irak de 2003, déclenchée sans autorisation du Conseil de sécurité, la guerre unilatérale a effectué un retour spectaculaire sur la scène mondiale.
Les faiblesses institutionnelles de l’ONU n’expliquent qu’en partie son échec relatif. (…) A partir des années 1950, et de l’intervention en Corée, on a assisté à la constitution de forces des Nations unies (désignées comme des « casques bleus ») composées, au cas par cas, de soldats qui sont juridiquement sous l’autorité de l’ONU mais qui proviennent de contingents nationaux. L’ONU dépend ainsi de la bonne volonté de ses Etats membres, avec des conséquences parfois désastreuses, comme lors du retrait des casques bleus belges du Rwanda en plein génocide (1994). (…)
En outre, le