La théorie fictive de maurice blanchot

3615 mots 15 pages
La hantise du système Imaginons que l’œuvre critique de Maurice Blanchot vienne un jour à disparaître, s’effaçant comme une mer se retire. Imaginons qu’un lecteur curieux cherche, à la lumière des innombrables commentaires dont elle a fait l’objet, à reconstituer ce que pouvait être cette œuvre. Ce lecteur serait, à coup sûr, dans l’embarras. Il lui faudrait concilier les louanges les plus démesurées et les reproches les plus graves, les accusations d’obscurantisme et de terrorisme intellectuel, et les protestations d’admiration à l’endroit de l’œuvre considérée la plus clairvoyante. Cette situation pourrait n’être pas exceptionnelle. Mais le désaccord des critiques qui commentent Blanchot ne relève pas d’une simple divergence de jugements. Plus profondément, les critiques ne s’entendent pas même sur la nature de l’objet qu’ils commentent. Pour les uns, l’œuvre « théorique » de Blanchot développe une réflexion philosophique, ou une pensée éthique; pour d’autres, elle expose plutôt une réflexion politique - questionnant incessamment la loi; pour d’autres encore, il s’agit d’une théorie de la littérature... Cette incapacité où est manifestement la critique à déterminer son appartenance générique révèle l’un des enjeux majeurs de l’écriture même de Blanchot : la recherche blanchotienne entend se soustraire aux éclaircissement du discours explicatif, aux injonctions de sens que lui adresse une critique dont elle se défie depuis toujours. En effet, les premiers recueils de Blanchot roulent sur une accusation prolongée et sans nuance : le discours explicatif simplifie ce qui est complexe, fixe ce qui est mobile, ramène à ses raisons ce qui est sans rapport avec elles. « La critique est le surpassement d’une parole première par une seconde qui la domine et l’éclaire » . Cette phrase pourrait être de Blanchot. Elle résume, formulée par un critique l’une des ambitions de la critique littéraire; elle rassemble des intentions qui sont autant de défauts majeurs aux

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