La vie devant soi
Publié en 1975, La Vie devant soi est le deuxième roman que Romain Gary publie sous le pseudonyme d’Emile Ajar (Gros Câlin a été publié l’année précédente). Le succès du roman amène Gary à demander à son petit cousin, Paul Pavlowitch d’incarner l’écrivain Emile Ajar. C’est le début d’une supercherie qui ne sera révélée qu’après la mort de Romain Gary en 1980. Deux autres textes seront publiés sous le nom d’Emile Ajar, Pseudo e tL’angoisse du roi Salomon.
I Les informations nécessaires à la compréhension:
1) Le temps
Pas d’indication précise de l’époque où se passe l’action. On peut dès lors supposer qu’elle est contemporaine de la publication, c’est-à-dire les années 1970.
2) Les lieux
A l’inverse, la localisation spatiale est très précise: « Il y avait beaucoup d’autres Juifs, Arabes et Noirs à Belleville ». Plus précisément, l’action se centre dans l’immeuble qu’habitent Momo et Madame Rosa: tous deux habitent le sixième, tandis que le rez de chaussée est occupé par un café, celui de M. Driss: « Je suis descendu au café de M. Driss en bas ». Le pléonasme « en bas » accentue la distance.
Dès la première phrase du texte, le narrateur insiste sur l’escalier et la difficulté à le gravir jusqu’au sixième: « La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied », et cette difficulté revient au troisième paragraphe: « Madame Rosa était obligée de grimper les six étages seule ». Les expressions apposées « à pied », « seule » ne sont pas vraiment adaptées, mais elles marquent bien le problème.
3) Les personnages
Deux personnages apparaissent dans cette première page, une femme, un homme, elle est Juive, il est Arabe. Leur présentation première m’est pas sans clichés: Madame Rosa, en tant que juive, se plaint tout le temps et M. Hamil est un ancien marchand de tapis. Leur apparition est évidemment significative, car au delà de différences apparentes, ils représentent deux figures importantes pour le narrateur: madame Rosa