La vérité
I – L’exercice réfléchi du jugement 1. Vérité et opinion
Désirer suppose que l’on manque : on tend vers un objet qu’on ne possède pas. Il faut donc penser la philosophie comme un désir, puisqu’elle commence par la prise de conscience de ce manque. Si je n’ai pas conscience de mon ignorance, je ne peux commencer à philosopher. La philosophie doit susciter un désir, mais la condition de ce désir est un certain trouble : il va donc falloir arriver à une conversion du regard. L’ironie de Platon a pour fonction de mettre l’interlocuteur dans une sorte d’embarras psychologique, de honte intérieure ; sans cela, il n’y a pas de conversion.
Platon écrit sous forme de dialogue, pour rendre hommage à Socrate, son « père spirituel ». Celui-ci se promenait dans la rue et discutait avec ses concitoyens sur des notions. Hippias Majeur se consacre à la beauté et Ménon à la vertu. Les textes de Platon sont toujours un dialogue entre Socrate et un interlocuteur, ce dernier pouvant être soit un citoyen cherchant à réussir, soit un sophiste. On a alors un face-à-face où chacun incarne une certaine attitude à l’égard du savoir. Le sophiste ne se présente pas comme celui qui ne sait pas (ce que fait le philosophe), mais comme celui qui possède le savoir et qui a donc la capacité de discuter et de convaincre de tout. Hippias et Ménon représentent ici l’opinion, en ayant une attitude dogmatique : ils ont des certitudes. Dans leurs réponses, l’un comme l’autre se réfère à l’argument d’autorité et à l’opinion commune.
Une opinion est une idée, un avis, un jugement, une représentation ou une pensée qui n’est pas fondé(e) sur une réflexion ou un examen critique.
Tout ce qui n’est pas universalisable ne peut être considéré comme vrai. Alors, doit-on renoncer à ses opinions, ou bien s’agit-il juste de renoncer à celles qui n’ont pas fait l’objet d’un examen critique ? Le philosophe doit s’adresser à tous les hommes : c’est ce qu’on appelle « l’universel ». Je ne dois