Le baroque
Le terme portugais barroco qualifiait une perle de forme irrégulière. Par la suite, il fut utilisé en joaillerie pour désigner des pierres à l’apparence bizarre. Il revêt donc étymologiquement des connotations essentiellement péjoratives. Depuis le XIXème siècle, le mot « baroque » continue de qualifier ce qui est jugé extravagant, irrégulier, mais il désigne aussi un mouvement artistique et littéraire qui s’est développé en France entre 1580 et 1660, c’est-à-dire entre la Renaissance humaniste et l’apogée du classicisme, à une époque marquée par des crises religieuses et intellectuelles dont on trouve le reflet dans la poésie.
Le point de départ de l’art baroque est la volonté de récupérer les âmes égarées et tentées par le protestantisme en les regagnant par un art plein de mouvement et de séduction, entièrement dévoué au catholicisme de la Contre-Réforme.
Thèmes et motifs baroques :
Ils sont intimement liés les uns aux autres et se retrouvent aussi bien dans l’architecture, la peinture et la sculpture que dans la littérature :
Le mouvement : rien n’est jamais figé dans l’espace et dans le temps, tout fuit et nous échappe, tout nous entraîne vers la mort. Ex : « Notre vie est semblable à la mer vagabonde » Chassignet
L’instabilité : l’équilibre des formes est toujours menacé ; tout est appelé à se décomposer ou à se recomposer, inlassablement, et l’amour n’est qu’un exemple de cette instabilité générale. Ex : « Et me trouvant partout je ne suis en nul lieu » Vauquelin des Yveteaux
La métamorphose : tout change, tout évolue ; l’homme vieillit, la nature se transforme au fil des saisons. Les œuvres baroques se réfèrent à l’épopée d’Ovide qui fournit de nombreux mythes inspirateurs, Les métamorphoses. Ex : « L’infini mouvement de mes roulants ennuis/ M’emporte, et je le sens, mais je ne puis le dire » Sponde
L’illusion : décors en trompe-l’œil et déguisements se déploient dans un foisonnement ostentatoire