"Le cinéma, une identité brouillée" de martin barnier
« Le cinéma, une identité brouillée » de Martin Barnier
Le dispositif cinématographique tel qu’on le connaît aujourd’hui est bien éloigné de celui des années 1900, du cinéma des premiers temps. Plusieurs fois, son identité a été mise en jeu, posant des questions dont les réponses auraient pu être différentes, entraînant une toute autre progression. Pourtant, l’histoire du cinéma est souvent racontée de façon lisse et régulière, comme si le dispositif que l’on connaissait aujourd’hui était la seule et inévitable évolution de la technologie d’antan.
Dans son texte « Le Cinéma, une identité brouillée »[1], Martin Barnier nous propose une approche chronologique en tenant compte de cet aspect hétérogène de l’histoire cinématographique. Son étude se concentre sur deux grandes crises identitaires du cinéma, déclenchées premièrement par son apparition et son développement entre 1895 et 1912, puis par l’association du son enregistré à l’image en 1927.
Ces moments critiques de l’évolution du cinéma témoignent d’une forme d’intermédialité constante qu’il subit dans la première partie du XXème siècle. Rick Altman nous définit l’intermédialité comme « une étape historique, un état transitoire au cours duquel une forme en voie de devenir un média à part entière se retrouve encore partagé entre plusieurs médias existants, à un tel point que son identité reste en suspens »[2]. Ainsi, avant de devenir réellement un média, une technologie doit se distinguer de ceux déjà existants de façon singulière.
1) L’apparition du Cinéma
Dans le cas du cinéma, la position d’intermédialité est flagrante. Considéré en tant que nouvelle technique, le cinématographe Lumière suscite en premier lieu l’intérêt des scientifiques et est vu comme une innovation dans le domaine photographique[3]. Cependant, aidée par l’attention particulière de la presse à son égard, cette technique se diffuse petit à petit et est récupérée pour s’incorporer à différentes formes de