Le conte philosphique au 18ème
-l’aspect plaisant du texte est d’abord souligné par le caractère oriental du nom de son héros : Memnon renvoie au nom d’un roi de Haute-Egypte, ce qui permet à Voltaire de dépayser son lecteur. La ville assyrienne de Ninive est également nommée à la ligne 19. La volonté de dépayser a une fonction de dépassement : la critique des comportements est plus aisé si l’on parle d’une terre étrangère, la satire d’un ailleurs éloigné est moins risquée pour le philosophe. Mais derrière le nom de ce héros, se cache aussi l’opposition entre le désir et le renoncement (Même/Non = même si j’en ai envie, non !). Pour intensifier le refus des plaisirs, le lecteur note d’ailleurs les multiples négations du texte. En outre, le récit s’ouvre sur un indice de fiction : l’expression « un jour » (ligne 1) se coule dans le style des contes pour enfants. Le manichéisme est présent dans la description du rêve de sagesse de Memnon : « beauté parfaite » (ligne 6), « beaux yeux », « gorge ronde », « belle tête » (lignes 7-8), « vins délicieux » (ligne 12), « le plus grand des biens » (ligne 20) sont des formules sans nuance qui évoquent le monde des tentations face au monde des résolutions. Les trois paragraphes construisent trois souhaits, comme dans les contes de fées du XVIIe siècle,
-la déconstruction est une déconstruction du thème de la sagesse. Voltaire l’aborde en conduisant, dans l’ensemble du conte, son personnage de la certitude au doute. Le verbe « concevoir » de la ligne 1 évoque un dogmatisme radical qui assoit sa thèse. Au tout début du texte, la présence du narrateur montre qu’il s’agit d’un récit orienté vers la critique : on lit deux blocs de termes opposés : « insensé », « folie »