Denis Diderot : Supplément au voyage de Bougainville (1796)

Ecriture d'invention : Imaginez la réponse d'un des auditeurs du vieillard. Ce peut être celui d'un Tahitien qui prend conscience qu'ilrisque d'être esclave des Européens et se demande comment il pourra leur échapper, ou celui d'un européen, voir de Bougainville lui-même, qui cherche des contre-arguments pour s'opposer auxTahitiens.

Après ce discours, un jeune Tahitien s'avance et dit au vieillard :
"Ô Vieillard. Tu es l'homme le plus vieux et sage de toute l'île. Pendant toutes les années que tu as vécu, tu as pu voirtant de choses. Ta sagesse, pour laquelle tous te respectent, porte conseil et aide chaque habitant de notre île. Les Tahitiens t'écoutent tous habituellement, mais depuis que ces hommes pâles sontarrivés, ils n'ont d'yeux et d'oreilles que pour ces nouveaux."
Puis il se tourne pour s'exprimer aux autres Tahitiens et aux hommes de Bougainville :
"Peuple de l'île de Tahiti. Je suis Orou. Jesuis celui qui comprend la langue de ces hommes. Mes frères, mes amis, connaissez-vous bien ces hommes et leurs coutumes ? Je les ai entendus parler de leurs vies, dans le pays d'où ils viennent. Ilsparlent de serviteurs, de pauvres, de paysans. Ces hommes dont ils parlent, se moquent et méprisent sont leurs frères. Ils vivent déplorablement et sont traités comme des chiens. Ce peuple qui vientd'arriver n'est pas gêné de maltraiter les siens, c'est même une habitude. Comment peut-on traiter ses semblables d'une telle façon? Je ne sais pas mais, en écoutant ce qu'ils prévoient pour le peuplede Tahiti, ce n'est pas si choquant. Si ces européens ne traitent pas correctement les personnes vivant dans leur société, qui ont les mêmes croyances et traditions, croyez-vous qu'ils seront pluscourtois avec nous ? Nous qui ne leur ressemblons pas, qui ne croyons pas en leur dieu, qui ne partageons pas leurs traditions ?
Il est vrai que ces européens nous prommettent de nous apporter