Le donneur du val est un des premiers poèmes
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Le Dormeur du val est un des premiers poèmes de Rimbaud. Il a environ seize ans lorsqu’il fugue pour la deuxième fois du domicile parental de Charleville Il recopie vingt-deux textes dans un cahier qu’il confie à son ami Paul Demeny, poète lui aussi. Le Dormeur du val, écrit pendant sa fugue d’octobre 1870, en pleine guerre franco-prussienne. L’année suivante, il demandera à son ami de le détruire avec les autres quand il refusera tout romantisme. En effet, par bien des aspects, ce poème contient encore pleins de réminiscences scolaires et utilise la forme du sonnet selon la disposition abab-cdcd-eef-ggf. Mais par le thème choisi, le ton adopté et quelques audaces de forme, il annonce une vision neuve de la poésie.
Cela commence par un tableau idyllique et vivant. La lumière baigne littéralement la scène car la végétation tamise les rayons du soleil, eux-mêmes reflétés par les algues qui affleurent en « haillons d’argent », pour repartir vers la montagne. Les deux rejets « D’argent » et « Luit », accentuent la qualité particulière de la lumière. Les consonnes du premier vers (r,v), les assonances nasales du second (accrochant, follement, haillons, d’argent) donnent de la fluidité à la description et atténuent le bruit de la rivière. Le regard embrasse la scène dans sa totalité en un mouvement descendant puis ascendant. Le premier et le dernier vers du premier quatrain se répondent ainsi dans une description qui n’est pas statique. Les éléments naturels sont personnifiés : la rivière « chante », accroche « follement » et la montagne est « fière » de dominer le paysage. Tout respire une certaine joie de vivre.
Le second quatrain tempère cette impression en développant le champ lexical des couleurs froides (bleu, pâle, vert, l’herbe). Le personnage, un jeune soldat que Rimbaud aurait pu rencontré durant sa fugue, semble en accord avec l’environnement. La posture, précisée dans le premier