4mjv2652 "Le plus fort n'est jamais fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable, car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause. Toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement ; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit pas de faire en sorte qu'on soit le plus fort. Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force, il ne signifie ici rien du tout." J.-J. ROUSSEAU, Du contrat social I, 3
Etude globale du texte
Contexte
Rousseau, dans le premier livre du Contrat social, recherche le fondement du droit. Cette recherche le conduira à le mettre au compte de ce qu'il appelera la "volonté générale", celle des hommes qui renoncent à l'exercice individuel de leur liberté pour se soumettre à la loi qu'ils s'imposent collectivement. Dans l'immédiat il écarte la force comme source possible du droit.
Thème
Il est question du "droit du plus fort".
Question
Rousseau se demande si la notion de "droit du plus fort a un sens" et met ainsi en question sa validité.
Thèse
Rousseau démontre que la notion de droit du plus fort est