Le dérèglement du monde
Amin Maalouf constate l’organisation de notre monde actuel qui semble effectivement reposé sur un désorientement. Tout d’abord, il explique l’avènement d’un modèle occidental vertueux qui perd cependant sa crédibilité autant sur le plan politique qu’économique, et qui est contesté par l’émergence des communautarismes. Maalouf note par ailleurs des transformations sur la scène internationale avec la participation des pays émergents dans la mondialisation, dont le développement repose sur le modèle économique occidental : il donne l’exemple de la Chine et de l’Inde « libérées du Carcan du dirigisme » (p.38) et qui deviennent des géants économiques, efficaces dans la mondialisation. Le monde du 3ème millénaire est donc un monde multipolaire bien que le leadership américain soit incontestable. Ainsi Maalouf reconnaît certaines avancées.
Mais cependant, Maalouf note un manque de crédibilité de l’Occident à cause de certains paradoxes. Le premier c’est de vouloir utiliser des moyens violents à des fins démocratiques. Il juge le monde occidental par « ses aveuglements historiques et ses manquements éthiques », tout en reconnaissant que « la civilisation occidentale est créatrice de valeurs universelles » (p.54/55). Maalouf est conscient en outre que l’Occident a fait preuve de démesure voire de néo-colonialisme : « propension à transformer sa conscience morale en instrument de domination » (p.32). Ce qui aggrave les clivages notamment entre les deux ères de civilisation que sont l’Occident et le monde musulman, qui s’organise d’ailleurs sur la base d’une identité particulière. II- Les légitimités égarées
Maalouf définit la légitimité comme « ce qui permet aux peuples et aux individus d’accepter, sans contrainte excessive, l’autorité d’une institution, personnifiée par des hommes et considérée comme porteuse de valeurs partagées » (p.107). Or l’histoire du 20ème siècle est marquée par une crise