Le gorgias
C'est-à-dire qu'il refuse l'essentialisation de Démocrite et qu'il revendique l'idée selon laquelle l'unité n'existe pas. Au demeurant, il ne faut pas attendre de Gorgias une entreprise théorique, quand le propre de la théorie est de proposer une définition fondamentale impliquant l'unité. Ce qui lui importe, et la raison principale pour laquelle son traité passe si souvent pour un jeu controversé, c'est qu'il objecte autant à Parménide qu'à Démocrite concernant l'absence d'unité. Parménide : l'Etre existe d'autant moins que l'unité n'existe pas. L'ontologue Parménide propose une théorisation de l'Etre? Gorgias le sophiste lui répond par la réfutation radicale de l'unité et la production antagoniste du non-étant contre l'Etre.
Quant à Démocrite, il s'agit de radicaliser son propos nihiliste, en réfutant toute unité, même pour le vide (plus de Non-Etre, mais du non-étant). Gorgias juge que Démocrite n'a pas été assez loin dans le nihilisme et que c'est la raison pour laquelle son effort de théorisation achoppe avec la contradiction. Gorgias ne répond pas à l'erreur théorique de Démocrite par une réfutation d'ordre théorique, mais par un refus de la théorie. Sa pirouette pourrait se résumer ainsi : refus de la théorie = jeu.
Double opposition, donc, que le refus théorique