Le moi dans la poésie
Le XIXème siècle tout entier parle à la première personne, et ce dans tous les genres littéraires, par-delà toutes les écoles, et jusque dans les réactions les plus antiromantiques en apparence, la subjectivité s’affirme comme à nulle autre époque. Le « mal du siècle » nourrie le culte de ce « moi ». En 1890, ce qu’écrit le plus abstrait des poètes, Valéry, c’est Narcisse qui parle:
« Car je m’aime !… ô reflet ironique de moi ! »
Mais encore, le mot poésie vient du verbe grec poiein qui signifie "produire", "créer". Le poète se donne un pouvoir d'invention et de création verbale en exploitant toutes les ressources de la langue. La poésie est un travail sur les mots, un art du langage qui en explore toutes les ressources et vise à exprimer ou suggérer quelque chose, en jouant sur les sonorités, le rythme, la musicalité. A l'origine, la poésie était chantée accompagnée d'une lyre, ce qui a donné naissance à la notion de poésie lyrique. Chaque auteur révèle une partie de lui-même dans son œuvre, fait partager ses sentiments et ses émotions.
On peut néanmoins se demander si l'expression des sentiments personnels rend compte de l'ensemble de la littérature poétique.
Certes, la poésie sert souvent l'expression d'un "moi" intérieur. Mais elle est également en lien avec le monde, comme pour la poésie engagée par exemple. C'est également une clé de compréhension du monde.
I. Une poésie du « moi » :
• La poésie romantique
Le romantisme a eu un "sentiment de l'universalité poétique, car, avec lui, la poésie est partout, au théâtre et dans le roman, et peut-être même dans la vie. Ainsi se trouve préparé, à la faveur aussi de la critique romantique de la notion de genre, le refus de considérer la poésie, justement, comme un simple genre, la volonté d'y voir au contraire une manière de sentir, comme dira Baudelaire. Déjà, dans le romantisme le plus profond, la poésie cesse d'être liée à une forme: l'Aurélia de Nerval est un récit et un journal,