le printemps d'aubigné
Issu de la littérature italienne, le sonnet parvient en France avec l’œuvre de Pétrarque qui chante son amour pour Laure. Comme bien d’autres poètes français, Agrippa d’Aubigné écrit un recueil de sonnets amoureux, Le Printemps, dont la légèreté contraste avec son grand poème épique, Les Tragiques, dans lequel ce fervent calviniste défend ardemment la cause protestante.
Lecture
Au tribunal d'amour, après mon dernier jour,
Mon cœur sera porté diffamé de brûlures,
Il sera exposé, on verra ses blessures,
Pour connaître qui fit un si étrange tour, A la face et aux yeux de la Céleste Cour
Où se prennent les mains innocentes ou pures ;
Il saignera sur toi, et complaignant d'injures
Il demandera justice au juge aveugle Amour : Tu diras : C'est Vénus qui l'a fait par ses ruses,
Ou bien Amour, son fils : en vain telles excuses !
N'accuse point Vénus de ses mortels brandons, Car tu les as fournis de mèches et flammèches,
Et pour les coups de trait qu'on donne aux Cupidons
Tes yeux en sont les arcs, et tes regards les flèches.
1. L’expression de l’amour :
- L’on voit déjà dans ce texte à tonalité polémique toute la force des Tragiques. L’auteur renouvelle le sonnet amoureux par une expression violente de l’amour, bien différente de celle d’un Ronsard, qui annonce déjà la thématique précieuse de la guerre amoureuse.
- Le cadavre porte sur lui les traces des expressions métaphoriques habituelles de l’amour (soulignées par les rimes : brandons – Cupidon) :
- la métaphore traditionnelle du feu de l’amour est longuement filée : diffamé de brûlures (v.2), mortels brandons (v11), mèches et flammèches (v.12, avec un écho phonique expressif).
- de même les flèches de l’amour : les blessures (v.3) par lesquelles le corps saignera (v.7) sont dues aux flèches de Cupidon (coups de trait, arcs, flèches).
- Cette expression hyperbolique de l’amour est renforcée par