LE SANG DE LA DENTELLIERE
LE SANG DE LA DENTELLIERE
La Dentellière
Huile sur toile marouflée sur panneau,23.9*20.5 cm
Signé (en haut à droite) :IVMeer [IVM en monogramme]
Musée du Louvre, Paris,inv.m.I.1448
La peinture atteignit au 17 siècle une telle perfection aux Pays-Bas qu'on la confond pratiquement avec le Siècle d'or.
La production artistique était déjà considérable au xvie siècle. Dans la seule ville d'Anvers on comptait en 1560 plus de 300 maîtres de la peinture et des arts graphiques, alors qu'il n'y avait que 169 boulangers et 78 bouchers. Dans ce pays densément peuplé, plusieurs centres de production artistique étaient apparus en peu de temps et sur une faible étendue – outre Amsterdam citons entre autres Haarlem, Delft, Utrecht, Leyde, La Haye et Deventer. Bientôt la vente de peinture et de gravures entrèrent en compétition, faisant des Pays-Bas un gigantesque atelier graphique. Chaque année, 70 000 nouveaux tableaux arrivaient sur le marché, 650 à 700 peintres néerlandais, plus ou moins célèbres, ainsi que leurs élèves, peignant en moyenne et quasiment en série 94 toiles par an. Certains historiens, comme Michael North, estiment que plusieurs millions de tableaux ont ainsi été peints, dont il ne subsisterait aujourd'hui qu'à peu près 10%. Ce qui est établi, c'est que statistiquement il y avait aux Pays-Bas en moyenne cinq tableaux pour deux habitants. Selon North, « En 1643, un teinturier de Leyde possédait 64 tableaux, et dans les années 70 du xviie siècle, deux autres teinturiers se targuaient de posséder, l'un 96 tableaux, l'autre 103 ».
Les thèmes picturaux religieux traditionnels étaient délaissés depuis la Réforme en tant que « catholiques » (cf. Iconoclasme) ; les bourgeois protestants voulaient immortaliser leur piété, leur mode de vie, les thèmes qui leur étaient chers et leurs propres difficultés (c'est-à-dire avant tout se représenter eux-mêmes dans leur cadre professionnel et intime, si possible en tant que figures