En 1668, La Fontaine publie son recueil de Fables. Dans le livre VIII, il présente une deuxième fable intitulée « Le
Savetier et le Financier » afin de donner son avis sur la source du bonheur et de dénoncer un bonheur uniquement fondé sur la possession de biens matériels. Comment La Fontaine met-il en évidence la dimension critique de sa fable? Tout d’abord, elle est fondée sur les contrastes et les oppositions. Par ailleurs, il s’agit d’un texte vivant constituant un apologue à la morale implicite.
« Le Savetier et le Financier » est une fable fondée sur les contrastes et les oppositions. Cela est tout d’abord perceptible à travers la présentation des personnages. Le titre met en évidence deux réalités professionnelles distinctes renvoyant à l’artisanat, l’autre au monde de la finance. Toutefois, le « savetier » n’est pas présenté à travers son activité professionnelle mais plutôt à travers une passion, un talent: il « chantait du matin jusqu’au soir ». En revanche, « son voisin » n’est présenté qu’à travers son activité professionnelle:
« C’était un homme de finance ».
D’ailleurs, La Fontaine insiste sur cet aspect qui le lie uniquement à l’argent: « étant tout cousu d’or », il semble rêver d’un monde où tout peut s’acheter: « […]il se plaignait
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire ».
Tout, dans son attitude, l’oppose au comportement du « savetier ». Le fabuliste met l’accent sur ce point à travers la locution adverbiale « au contraire » qui lui permet de jouer sur le contraste: « chantait du matin jusqu’au soir » /
« Chantait peu ».Le complément circonstanciel de temps suggère que l’artisan dort alors que le Financier « dormait moins encore ». De fait, l’auteur instaure un climat de rivalité entre les deux hommes:
« Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait ».
Toutefois, la suite de la fable va faire vivre au Savetier des