Tout action, sentiment, sensation, se rapporte à un je central qui s’attribue ces facteurs ; bien qu’il soit dénué de toute réalité d’existence effective, il se définit et se fortifie grâce à ces actions, il fabrique des pensés et les fait tourner incessamment ; cet être maléfique, ce fantôme, se nourrit de ses pensées et de ses illusions, il a besoin de voyages et aventures, de sorties et de promotion sociale, il est une énergie qui s’épuise après une période d’activité.

Le petit je ignore tout des mouvements de son corps et ses pensées, il ignore comment les sentiments apparaissent dans son champ de perception, il flotte inconsciemment sur un monde qu’il ne maîtrise pas ; en réalité, il est inconscient et ignorant de tout ce qu’entre dans sa conscience.

Le petit je découvre que des bras et des mains, c’est-à-dire des organes, lui obéissent, que des sensations lui sont transmises ; il découvre que ses membres sont distincts des autres membres, appartenant à des autres individus, il s’approprie un corps qui lui a été donné, qu’il a l’impression de dominer et de se sentir propriétaire. Ce je avec ses sensations et ses sentiments, avec ses pensées, bref, avec son petit champ de conscience, prend comme extension de lui les objets et les êtres sur lesquels il croit agir, il dit « ma voiture », « ma femme », « mes employés », « mes enfants », etc.

Ce processus d’extension du moi s’étend à l’infinie pour devenir une maladie mentale qui porte le nom de mégalomanie ou le petit je obstrue tout et ne voit que lui-même « je suis dieu !» « je détruirai l’univers !» Ce je mégalomane déprime quand il revient à la raison et constate son impuissance et sa substance éphémère, il arrive qu’il se suicide. a pris possession de lui et la haine de la lumière s’est emparé de lui ; ainsi, il devient, pour les autres, un exemple à ne pas suivre et aide par ce biais au développement spirituel des autres êtres. En renonçant à la lumière ou à la lucidité, il participe à