Le sentiment de pudeur chez les animaux
« Le mot pudeur vient du grec aidôs, lui-même venant du verbe aideomai, signifiant « avoir honte ». En latin, le terme pudere signifie également « avoir honte ». La pudeur est généralement définie comme cette sorte de discrétion, de retenue, de modestie qui empêche de dire, d'entendre ou de faire certaines choses sans embarras. La pudeur renvoie ainsi semble-t-il au regard de l’autre.
Parler de la pudeur comme quelque chose de naturel revient à lui reconnaître une réalité dont la production ne relève de rien d’humain. Elle précèderait alors l’existence et lui serait également postérieure. Nous avons deux approches qui peuvent nous apporter un point de vue intéressant sur cette idée. La première est d’ordre phénoménologique et consiste à s’en tenir au plan du phénomène pudique extérieur. Cela permettra de se rendre compte que, contrairement à l’homme, les plantes et les animaux exhibent leurs parties reproductrices sans gêne aucune (on peut se dire que la pudeur animale s’explique par des raisons de sécurité vis-à-vis des prédateurs).
La différence entre les animaux et les hommes a toujours existé et ne résulte d’aucun évolutionnisme, ce qui place l’homme dans une tour d’ivoire bien éloignée des autres êtres vivants (la naturalisation de la pudeur supposerait ainsi une différence qualitative et non quantitative entre les hommes et les animaux). Cette idée se retrouve chez Saint Augustin qui, dans le chapitre 20 du livre XIV de La cité de Dieu, parle de « pudeur naturelle » pour s’opposer à ce qu’il nomme « l’infamie des Cyniques », qui en faisaient une convention sociale sur laquelle nous reviendrons. Que l’approche soit extérieure ou intérieure, nous voyons ici que la pudeur est vue comme naturelle dans un but de différenciation des hommes avec les êtres vivants en général et les animaux en particulier
C'est la thèse célèbre de Max Scheler : la pudeur est