Le mal et la mort du pécheur
DIEU NE VEUT ni le mal ni la mort du pécheur. Dieu veut le salut de tous les hommes, car il est bon et miséricordieux ; il veut faire de chaque homme un fils et le conduire à la béatitude céleste, tel est son éternel dessein. C’est pourquoi Dieu qui est Amour a noué une
Alliance définitive avec l’humanité dans le Christ-Jésus. En lui, il a tout récapitulé pour se constituer un peuple nouveau, saint, l’Église. Dieu dans le Christ est notre …afficher plus de contenu…
Il y a là un problème théologique que notre conscience moderne rend plus sensible encore1. L’idée d’un Dieu vengeur, punissant les endurcis, nous est étrangère, insupportable même ; pourtant les textes sont là et ils sont nombreux. Pour ne donner que quelques références dans le Nouveau Testament, citons : Mt 3,
10 ; 7, 19 ; 10, 14-15 ; 11, 23-24 ; 25, 41, 46 ; Jn 15, 6 ; 2 Th 1, 8-9.
La figure du Dieu justicier qui récompense et punit est bien présente dans la Bible jusque dans la littérature psalmique : Ps 54,
7. Outre qu’il ne convient pas de passer par-dessus trop rapidement, ou de les interpréter de telle manière qu’ils perdent 1. La notion de peine ou de châtiment fait difficulté aux modernes ; cf. …afficher plus de contenu…
Sum. theol., Ia-IIae, q. 85-87. Or la peine a de multiples finalités.
Elle est d’abord répressive, elle restaure l’ordre, elle répond à l’aspect vindicatif de la justice, puis médicinale et pédagogique. La peine ne vise pas principalement le mal du sujet coupable qui n’est infligé que par accident, mais un bien, à savoir le rétablissement de l’ordre de la justice. Saint Thomas écrit : « L’ordre de la justice comporte l’adjonction de la privation du bien particulier d’un pécheur, pour autant que l’ordre de la justice demande que celui qui pèche soit privé du bien qu’il désire. Ainsi donc, la peine est en soi bonne, absolument parlant, mais elle est un mal pour lui » (Q. De malo, q. 1, a. 1, ad 1). En rétablissant l’équilibre lésé de la justice, elle restaure une certaine égalité