Lecture analytique - britannicus i, 1
Racine, Britannicus, Acte I, scène 1 (vers 1 – 34)
Acte I, Scène 1 - AGRIPPINE, ALBINE 1 5 10 15 20 21 25 30 34 | ALBINEQuoi! pendant que Néron s'abandonne au sommeil,Faut-il que vous veniez attendre son réveil?Qu'errant dans le palais, sans suite et sans escorte,La mère de César veille seule à sa porte?Madame, retournez dans votre appartement.AGRIPPINEAlbine, il ne faut pas s'éloigner un moment.Je veux l'attendre ici. Les chagrins qu'il me causeM'occuperont assez tout le temps qu'il repose.Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré.Contre Britannicus Néron s'est déclaré.L'impatient Néron cesse de se contraindre;Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.Britannicus le gêne, Albine, et chaque jourJe sens que je deviens importune à mon tour.ALBINEQuoi! vous à qui Néron doit le jour qu'il respire?Qui l'avez appelé de si loin à l'empire?Vous qui déshéritant le fils de Claudius,Avez nomme César l'heureux Domitius?Tout lui parle, Madame, en faveur d'Agrippine:Il vous doit son amour.AGRIPPINE | Il me le doit, Albine. | Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi;Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi.ALBINES'il est ingrat, Madame? Ah! toute sa conduiteMarque dans son devoir une âme trop instruite.Depuis trois ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il faitQui ne promette à Rome un empereur parfait?Rome, depuis deux ans par ses soins gouvernéeAu temps de ses consuls croit être retournée:Il la gouverne en père. Enfin Néron naissantA toutes les vertus d'Auguste vieillissant.AGRIPPINENon, non, mon intérêt ne me rend point injuste:Il commence, il est vrai, par où finit Auguste;Mais crains que, l'avenir détruisant le passé,II ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé.