Lecture analytique du prologue d'antigone
Question possible : En quoi cette scène d’exposition est-elle originale ?
Éléments d’introduction
Représentée en 1944, Antigone a frappé par sa modernité et on y a vu une œuvre d’actualité, celle de la révolte contre le pouvoir, incarné par Créon. Par la suite, les interprétations ont varié. Créon, dans sa faiblesse et son humanité, n’est plus apparu comme un tyran entêté, ce qui a posé la question de la pertinence de la révolte d’Antigone. Par ailleurs cette modernité est liée aux nombreux anachronismes, bien que les grandes lignes du mythe soient dans l’ensemble respectées. Le titre de la pièce, Antigone, donne en soi un certain nombre d’indications sur le thème et sur les personnages. Mais le rideau se lève sur une scène inattendue, puisque l’ensemble des personnages est en scène, et que l’un d’eux représente le Prologue (c’est-à-dire une sorte de médiateur entre les personnages et les spectateurs) qui prononce la tirade que nous allons étudier. Cette originalité sensible dans les didascalies initiales conduit à s’interroger sur le rôle du Prologue et sur les informations qu’il donne à propos de l’action à venir. Enfin, elle pose le problème de la manière dont ce texte, par l’expression et par ses données, présente une adaptation du mythe contenu dans la pièce de Sophocle.
I. Une exposition originale
Les éléments de mise en scène fournis par les didascalies, la situation de communication, certaines indications du Prologue se démarquent d’une exposition classique.
1) Les didascalies et la mise en scène
En règle générale, le rideau s’ouvre sur un ou plusieurs personnages de la pièce, dont le spectateur ne sait rien. C’est le dialogue entre ces personnages, à l’intérieur de la fiction, qui lui donne des indications sur la pièce.
Ici, l’indication « tous les personnages sont en scène », où l’indéfini « tous » souligne le pluriel, et la mention de leurs occupations (« bavardent », « tricotent