Lecture analytique du sonnet "a une passante" de baudelaire
Le premier vers du poème place le narrateur au centre du poème (« autour de moi ») et décrit le cadre de l’action, en mettant l’accent sur le bruit de la rue (« assourdissante », « hurlait »). Le vers comporte des insistances phonétiques : allitération en /r/ (4), assonances en /u/ et /ou/ (2 fois chaque son) qui imitent par leur dureté (/r/) leur stridence (/u/) ou leur gravité (/ou/) l’atmosphère sonore agressive de la rue. L’effet est amplifié par le double hiatus symétrique du début et de la fin du vers : « rue-assourdissante » (hiatus /u-a/) et « autour de moi-hurlait » (hiatus /a-u/). L’hiatus, qui rend la phrase difficile à articuler, a toujours pour effet d’amplifier la rugosité d’un vers. Tous ces effets convergent pour exprimer le décor hostile de la rue. (On pourrait ajouter que les vers suivants, consacrés à l’apparition de la passante, seront dominés par l’allitération douce de la sifflante /s/, ce qui produira un contraste porteur de sens avec la phonétique dure du premier vers).
• Vers 2-5 : la femme en mouvement. Les vers 2 à 5 présentent la passante en suggérant la progression de la vision : simple silhouette au départ (« Longue, mince … »), puis la vision semble se rapprocher et se détailler (la main au vers 3, la jambe au vers 5). Le vers 5 correspond à une immobilisation de la vision sur une image fixe (« sa jambe de statue »).
Le rythme des vers 2,3,4 présente deux caractéristiques : cadence ascendante (les unités rythmiques s’allongent progressivement), cadence régulière (fondée sur l’accentuation systématique toutes les trois syllabes dans les vers 3 et 4).
Le vers 2 est coupé 1-2-3 // 2-4, ou même 1-2-3 // 6 si l’on considère que l’absence de virgule encourage à prononcer le second hémistiche d’un seul tenant : Vers 6-8 : La fascination du narrateur.
Le récit nous fait passer de la femme à l’homme qui la regarde. Le vers 6 note la paralysie du narrateur (« crispé comme