Les clivages sociaux dans les élections britanniques
ELECTIONS BRITANNIQUES
Selon Hanspeter Kriesi, l’idée de Stein Rokkan et Seymour Lipset dans Structures de clivages, systèmes de partis et alignement des électeurs : une introduction était de « lier les configurations des systèmes de partis européens contemporains aux divisions sociales et culturelles marquant les sociétés européennes lors de la formation des systèmes de partis, dans la seconde moitié du 19ème siècle. » [1] De cette idée, les deux sociologues dégagèrent quatre fractures selon eux fondatrices : les clivages Eglise/Etat, centre/périphérie, possédants/travailleurs et urbain/rural. Ces quatre clivages forment selon Rokkan et Lipset la genèse des partis, et continuent d’influencer leur mode de fonctionnement dans les sociétés européennes contemporaines[2]. Sur le plan sémantique, le terme de clivage sociopolitique traduit l’idée d’un clivage présent à la fois dans la sphère sociale et dans la sphère politique. En réalité, les clivages sociopolitiques résultent d’une volonté de la sphère politique de transformer les revendications de l’électorat en intérêts politiques, animés en périodes d’élection, et portés au pouvoir en cas de victoire. L’activation des clivages sociaux par la sphère politique permet de cristalliser les électeurs autour de deux pôles bien distincts. Il semble judicieux de tenter de retrouver dans l’histoire britannique les premiers signes de ces clivages sociaux. A la fin du court règne d’Olivier Cromwell (1653-1658), Charles II est proclamé Roi et reprend la lutte contres les catholiques. Il forme alors une alliance avec les Whigs, qui forment l’aile libérale du Parlement britannique, qui s’opposent aux Tories, l’aile plus conservatrice. L’essor des clivages au sein de la société britannique survient lors de la première révolution industrielle. Centre névralgique de ce bouleversement, le Royaume-Uni connaît plusieurs césures majeures. On assiste à la naissance d’un conflit de classes. La