Les femmes et le pouvoir exécutif en inde
La question de la relation entre les femmes et le pouvoir exécutif en Inde évoque immédiatement la figure imposante d’Indira Gandhi, Premier ministre de la plus grande démocratie du monde durant seize années (1966-1977, 1980-1984). La carrière politique de la fille de Nehru offre en effet matière à réflexion sur plusieurs des points essentiels de cette question : les voies d’accès au pouvoir ouvertes aux femmes, l’importance de facteurs culturels dans l’acceptabilité des femmes au sommet de l’État, l’usage des stéréotypes de genre dans la rhétorique politique utilisée par les femmes, enfin la question de l’existence d’une pratique distinctement féminine du pouvoir. Mais au-delà d’Indira Gandhi, un nombre non négligeable de femmes ont occupé des fonctions exécutives de premier plan, que ce soit au niveau de l’Union indienne ou des États fédérés. Les données dont on dispose à leur égard sont dispersées, disparates et lacunaires. Elles permettent cependant un repérage de quelques tendances : combien de femmes ont-elles eu accès à des fonctions exécutives majeures depuis l’indépendance de l’Inde ? Qui sont ces femmes, et quelles ressources politiques ont-elles pu mobiliser ? Quelle a été leur pratique du pouvoir ? Ont-elles favorisé l’émergence d’autres femmes politiques et/ou la mise sur agenda des problèmes féminins ? Cette série de questions soulève plusieurs problèmes méthodologiques. Premièrement, où situer « le pouvoir exécutif » dans le cas de l’Union indienne, État fédéral dont le nombre et le statut des États fédérés évoluent régulièrement ? 1 J’ai choisi ici de prendre en compte les quatre fonctions exécutives les plus importantes dans l’ordre protocolaire indien : celle de Premier ministre de l’Union, de ministre du Cabinet de l’Union, de ministre en chef d’un État et de gouverneur - les trois premières fonctions sont électives, la quatrième est nominative. Deuxièmement, répondre à la