Les implications concurrentielles des réseaux hybrides d’entreprises
LES IMPLICATIONS CONCURRENTIELLES DES RÉSEAUX HYBRIDES D’ENTREPRISES Le cas des keiretsu japonais
PAR ÉRIC MILLIOT
Maître de conférences à l’Université de Nice - Sophia Antipolis Membre de l’équipe de recherche RODIGE (CNRS - UPRESA 6044)
Les conglomérats japonais se caractérisent par une organisation réticulaire originale qui permet de développer un certain nombre d’avantages concurrentiels par rapport à leurs rivaux étrangers. Ces avantages invitent les gestionnaires occidentaux à s’interroger sur la transférabilité, au moins partielle, de ce mode organisationnel.
Adoptant les principes de risque partagé et de développement concerté, les deux cents firmes membres des Keiretsu contrôlent, à des degrés divers, plus de douze mille entités commerciales et industrielles. (Showroom Toyota à Tokyo)
Didier Maillac/RÉA
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ANNALES DES MINES - DÉCEMBRE 1999
RÉALITÉS MÉCONNUES
Le Japon se distingue par un capitalisme où la pure concurrence n’est pas le principe de marché dominant. La recherche d’un développement institutionnalisé, pour assurer l’intérêt général du pays, fait de la coopération un élément dialectiquement lié à la compétition. Cette logique de concertation est, tout particulièrement, celle des conglomérats appelés keiretsu. Ces derniers sont des nébuleuses d’entreprises liées par des participations financières, des conseils d’administration enchevêtrés et des opérations industrielles et commerciales souvent interdépendantes. Leur originalité repose, selon nous, sur le caractère à la fois horizontal et vertical, intra- et interorganisationnel, formel et informel des relations établies entre leurs membres. Il en résulte des réseaux hybrides d’entreprises qui donnent aux entités conglomérales de nombreux avantages concurrentiels face à leurs rivales étrangères. Bien que les keiretsu représentent moins de 0,01 % des compagnies japonaises, ils totalisent 16,2 % des ventes et 13,5 % des actifs d’entreprises du pays [Imogawa et