Les peuples sans écriture
Dans l’histoire de l’Humanité, l'écriture est à l'origine d'un basculement fondamental de la civilisation. Les premières traces de langage codifié ont été découvertes en Mésopotamie, et remontent à cinq mille ans avant notre ère. L’écriture est née du besoin des hommes de consigner des faits et des pensées de façon durable, d’échanger des informations. L’écriture laisse une trace, raconte le passé et le présent, envisage l’avenir. Elle dépeint le monde, fonde l’ordre social et politique, les relations entre les hommes. L'écriture a ainsi favorisé l'apparition des grandes villes, des codes de lois, et du commerce de marchandises.
Pour nombre d’historiens et d’anthropologues, l’apparition de l’écriture définit la frontière entre la préhistoire et l'Histoire. Sans écrits, l’homme ne pourrait pas connaître son passé. C’est vrai, mais cette définition, aujourd’hui, pose certains problèmes. Dans l’histoire de l’Humanité, les sociétés n’ont, en effet, pas évolué sur la planète de la même manière et au même rythme. Mais jusque dans les années soixante, la doctrine dominante en Europe distinguait les « peuples sans écriture » des sociétés civilisées. Ce discours a alimenté bien sûr le racisme et la ségrégation raciale. Les exemples ne manquent pas: de la découverte de l’Amérique, en 1492, par le Portugais Christophe Colomb, à la colonisation belge de l’Afrique noire par le roi Léopold II, il y avait des hommes et des femmes pour affirmer qu’un Indien ou un Congolais ne méritait pas les mêmes droits.
Aujourd’hui, on se doit pourtant de rappeler que l’histoire de toutes les sociétés du passé et du présent, - les Égyptiens, les Mayas, les Phéniciens, les Aztèques, les Africains, les Européens, les Chinois et les Indiens, débute avec la tradition orale, c’est à-dire, tout simplement, la parole.
Quelques exemples: les doctrines des grandes religions ont été transmises par leurs fondateurs d’abord oralement. Jésus et Mahomet n’ont pas donné des