Les valeurs du sport
Le sport en se formant affirme son identité et définit ses propres limites. Ses participants entrent dans des relations concurrentielles pour établir les critères d’excellence et diriger les affaires sportives. Par le concept de fonction, on entend étudier le rôle d’un fait social (institution, coutume, pratique…), ce concept de fonction implique au moins deux phénomènes : l’étude du rôle d’un phénomène sur un autre (deux phénomènes impliqués) et l’étude du rôle d’un phénomène sur la société (multitude de phénomènes sociaux impliqués). On peut alors se demander quelles sont les fonctions sociales des « valeurs du sports » ?
On assiste depuis deux ou trois décennies à une disparition progressive de la notion de « morale » au profit de celle de « valeur » ou « valeur morale ». Lorsqu’il est question d’apprécier le sens donné à certaines actions, la référence aux « valeurs » semble maintenant tenir lieu de discours moral. Les « valeurs » y foisonnent et font l’objet d’une promotion obstinée et d’autant plus prégnante qu’elles sont jugées « exemplaires ». Cette entraîne un effet indésirable : elle autorise à ne plus parler des transcendantaux, c’est-à-dire le Bien, le Beau et le Vrai qui, pour les anciens, constituaient le fondement des valeurs. Ce nouveau discours rend le questionnement éthique superflu. Cela revient à respecter ou non les règles de la vie qu’elles ont éventuellement contribué à déterminer, mais jamais à remettre ces valeurs en question. Cette posture s’observe dans le champ du sport, un lieu de mouvement et de performance qui se montre féru de « respect », « dépassement de soi » et autre « universalité ».
Comment pourrait-on interpréter cet intérêt du sport pour les valeurs ? L’invocation perpétuelle des valeurs constituerait-elle une forme de communication rituelle destinée à appeler sur la communauté sportive la faveur de puissances surnaturelles, afin de la pourvoir en ce qui lui fait justement défaut ? Les