Les voyages du compagnon
Après l’immobilité silencieuse de l’apprentissage, devenu compagnon, je suis incité à prendre la route dans la grande tradition du compagnonnage de métiers.
La notion de voyage est récurrente dans notre cheminement avec ses trois versants : d’où l’on vient, où l’on est, où va-t-on. Le voyage c’est d’abord un éloignement qui porte à l’abandon des repères et certitudes habituels. C’est ensuite un moyen d’apprendre et de se parfaire dans son métier d’homme, au contact de nouvelles dimensions géographiques et humaines. C’est enfin l’occasion, l'épreuve, d’une exploration des espaces intérieurs inconnus de moi en moi, dont le cheminement n’est pas sans nous rappeler le symbolisme du Pavé Mosaïque, où seul l’initié aura cette faculté à se glisser sur les lignes étroites entre les dalles blanches et noires.
Le symbole du voyage est un élément essentiel de la démarche et des rituels qui structurent la vie maçonnique. Il commence le jour de l'initiation après le passage par la porte basse, au travers des rites, de la connaissance de l’autre, de cette diversité qui nous amène à rassembler ce qui est épars. Chaque pas est une découverte ou une confrontation avec un élément symbolique, mais ce voyage dans le temps est une formidable aventure personnelle, vécue dans un groupe humain découvert puis choisi.
Les voyages symboliques de la vie maçonnique se passent dans l'espace et dans le temps, et ce calendrier maçonnique ne vise que l’amélioration de l’individu, la construction du temple intérieur. Cet apprentissage voulu, nous amène vers une introspection (rôle du silence), des efforts sur soi, un désir de perfection, un élitisme découvert ; ce travail au sein de l’atelier, sous l’œil bien veillant de la loge et sous le symbole de la voûte étoilée, doit nous permettre de porter à l’extérieur la sagesse acquise, que nous devons vivre de façon cohérente avec notre discrète vie profane.
Vas de chantiers en chantiers, dit-on au compagnon