Lettre 181 des liaisons dangereuses
Pierre Ambroise Choderlos de Laclos est officier d'artillerie en garnison lorsqu'il entame la rédaction de son plus fameux ouvrage : Les Liaisons Dangereuses. Publié en 1782, ce roman épistolaire et libertin tisse les liens d'un cercle d'aristocrates aux moeurs dévoyées, qui se plaisent à corrompre celles d'âmes plus honnêtes. En en faisant l'objet d'un pari, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont se posent en rivaux, et ce qui n'était qu'un jeu, deviendra un enjeu, un combat pour la supériorité avant de s'achever en guerre ouverte. Dans la lettre LXXXI, de la Merteuil à Valmont, nous nous situons au coeur de l'oeuvre, au moment où le pari devient lutte. La marquise affirme d'emblée sa supériorité sur le vicomte (et sur toutes les autres femmes), et la soutient par de nombreux arguments. Ce faisant néanmoins, elle dévoile les clefs de son personnage complexe, et peut-être jusqu'à ses failles. Ainsi elle établit une relation ambigüe avec son ancien amant.
Madame de Merteuil amorce sa lettre avec un ton plus que condescendant "Que vos craintes me causent de pitié !". Elle répond par le dédain et le mépris aux mises en garde de Valmont concernant son amant, le "très joli Prévan", comme il le dit à la lettre LXXIX. On note ainsi tout un champ lexical de la supériorité dans les deux premiers paragraphes : "pitié" ; "supériorité" ; "mon pauvre" ; "quelle distance il y a encore de vous à moi !" ; "l'intervalle qui nous sépare" ; "votre incroyable gaucherie" ; "le peu de valeur de votre conduite" etc. On peu de même relever le tutoiement que la marquise emploie dans le premier paragraphe ("il te sied bien...") qui dans un autre contexte eût pu passer pour un gage d'affection, mais qui ici marque nettement le peu de considération qu'elle accorde aux "craintes" du vicomte. Au cours du deuxième paragraphe, la Merteuil dresse le catalogue des faux-pas, des erreurs de